Bonsoir Maxou et Bodega,
Merci pour votre réponse. Ce que je constate souvent c'est comme vous le dites, une "humanisation" des positions. Il ne s'agit effectivement pas de penser que les animaux ne sont pas bien, car nous n'aimerions pas être en cage nous-même, ni même que les animaux sont bien parce que nous aimons le cirque et voulons rester sur une position qui nous arrange.
Position que nous pouvions l'un et l'autre avoir il y a quelques décennies, mais aujourd'hui avec l'avancée des découvertes en zoologie et le développement de l'éthologie, c'est à dire l'étude du comportement animal nous apporte des réponses objectices, exempt de l'état d'âme des partisans ou opposants aux animaux dans les cirques.
1/ Effectivement le contact de l'homme influence le caractère et le physique des animaux, mais ne le modifie pas. Il faut pour cela plusieurs centaines de générations.
En attendant, le patrimoine génétique reste le même, impliquant "groupe social" et autres comportements indispensable à l'équilibre de l'animal (et pourtant impossible dans les cirques).
Dès lors comme tu le dis Bodega, à cette observation des troubles du comportement, il faudrait non seulement interdire des animaux dans les cirques, mais également dans certains zoos et centre équestre, mais également certains animaux domestiques "maltraités" car ne prenant pas en compte les besoins physiologiques et psychologqiues des animaux. Ces derniers sont maltraités par des personnes aimant profondément leurs animaux (chiens, chats..), tout comme les gens du cirque. Ce n'est pas de la méchanceté, seulement une méconnaissance de l'animal, un point de vue, une projection humaine, donc faussée.
2/ Améliorer les conditions de vie des animaux dans les cirques reste illusoire. Je ne doute pas, Maxou, que des gens du cirque "aiment et choyent" leurs animaux mais les respectent-ils ? Ont-ils conscience de ces troubles du comportement de leur animal ? de ces besoins de sociabilité ? de leurs besoins d'eau ? de distance de fuite ?
Et attention, c'est la non-reproduction qui est un marqueur de mal-être et non la reproduction qui est un marqueur de bien-être. Je m'explique ; pour savoir si un animal s'adapte bien, il y a plusieurs approches, marqueurs à identifier. La reproduction, les troubles du comportement, l'absence d'alimentation, etc. Si un des marqueurs existe c'est qu'il y a un problème, c'est le cas avec les animaux dans les cirques. Constat fait, malheureusement dans tous les cirques du monde, même ceux qui ont tenté d'aggrandir les cages comme en Suisse. Car comme je le disais précedemment, c'est extrêmement complexe de satisfaire les besoins de l'animal.
Agrandir les cages aux normes minimales des parcs zoologiques, obliger l'abreuvement permanent, rétablir les groupes et contacts sociaux, permettre la marche et la baignade des animaux qui en ont besoin, permettre aux animaux de se cacher du public afin de respecter leur distance de fuite, interdire les numéros stressant et contre-nature, respecter l'hibernation pour les ours...
Les animaux que vous citez peuvent être effectivement considérés comme domestique mais la question de leur présence ou non dans un cirque se pose en terme d'adaptation. Ces animaux peuvent-ils - non pas être heureux (ça c'est une position subjective) - mais s'adapter sans trouble particulier.
Bodega votre anecdote sur le poulain est une illustration d'un conditionnement. On trouve la même chose avec l'humain. N'avez-vous jamais entendu dire que les personnes battues retournaient systématiquement vers leur bourreau (lieu connu et rassurant d'une certaine manière), c'est ce qu'on appelle je crois le syndrôme de Stockholm. Cela justifie t-il pour autant que l'on accepte qu'un individu reste enfermé dans un schéma qui lui est pourtant néfaste ?
Donc pour terminer, je vous répondrais que je ne suis pas forcément modéré.
J'essaie seulement d'être neutre et cohérent. J'aimerais - je n'ai aucun intérêt particulier - que les animaux dans les cirques soient bien, que les cirques puissent s'installer dans les villes et nous faire partager leur magie d'un soir, mais malheureusement, c'est bien plus compliqué que cela. La seule solution, qui peut paraître excesssive parce qu'on a nous aussi été conditionné (comme votre poulain) c'est effectivement l'interdition de ces animaux, comme cela se fait dans de plus en plus de pays pour les mêmes raisons. S'il y avait des solutions autres, je les accepterai - ça ne me réjouis pas de contraindre les gens du cirque à cette mutation- mais l'itinérance rend impossible l'adaptation des structures aux besoins des animaux. C'est là le problème constaté dans tous les pays du monde.
Je reste persuadé que les passionnés du cirque ont plus à gagner en permettant cette évolution, en étant acteur de cette évolution, plutôt que de résister de la subir au risque de "tuer" le cirque traditionnel. D'autant que de très nombreux spectateurs (comme en atteste la pétition en ligne sur le site de Code animal) ont déserté les chapiteaux à cause de la présence des animaux. Nombreux sont ceux qui y retourneront dès que la féérie n'aura plus cet envers de décor amer.