LETTRE OUVERTE DE RAPHAËL AUX DÉFENSEURS DE LA CAUSE ANIMALE

[jeanmi25]

Chers défenseurs de la cause animale,

Je me permets de rédiger cette lettre car je me sens mal à cause d'une de vos luttes. En effet, j'aime les animaux, et j'aime le cirque. Je l'aime passionnément, depuis plus de vingt ans, depuis que mon grand-père m'a emmené pour la première fois sous le grand chapiteau d'Achille Zavatta.

La situation que vous dénoncez quant au mal être des animaux au cirque n'est que le reflet de votre imagination, teintée, malheureusement, pour certains d'entre vous, d'une certaine forme de racisme à l'encontre des gens du voyage.

La totalité des animaux travaillant dans les cirques français sont nés en captivité, ont été élevés par leur dresseur, avec une passion et un amour infini. Ces dresseurs sont titulaires de certificats de capacité vétérinaires, les autorisant à présenter au public des espèces de la faune non domestique. Ces animaux n'ont jamais connu d'autre vie que celle du cirque, et leur prêter un sentiment de souffrance quant à leurs conditions de vie relève de l'anthropomorphisme.

Le Docteur Michel Klein et les plus illustres vétérinaires français soutiennent le monde du cirque et dénoncent vos mensonges. Qui mieux qu'un vétérinaire peut déterminer l'état général d'un animal ? Quelles compétences avez vous pour dire que les directions des services vétérinaires de chaque département sont incompétentes pour signaler la maltraitance supposée des animaux de cirque ?

La confiscation de l'éléphante Kenya au cirque Zavatta Fils et son placement au Safari Parc de Peaugres par la fondation assistance aux animaux a conduit celle-ci a cesser de s'alimenter et à perdre énormément de poids. Un vétérinaire l'a confirmé. Faudra-t-il que les éléphantes Sabra et Delhi du cirque Pinder subissent le même sort pour que la cruauté de ces mesures, séparant des animaux de familles d'artistes qui les ont soignées et entretenues pendant des années révolte enfin une opinion publique qui ne se laisse pas abuser par vos mensonges ?

14 millions de français fréquentent chaque année les chapiteaux des cirques présentant des animaux. Chaque soir, des milliers d'enfants s'émerveillent de la complicité entre les artistes et leurs partenaires de piste. De quel droit voulez-vous briser les rêves de ces enfants ? Les avez vous emmené dans une de ces compagnies de "cirque contemporain" voir un de ces spectacles où des artistes en guenilles jonglent avec des bilboquets ?

Chers amis de la cause animale, je n'aime pas la corrida, je n'aime pas la chasse, je n'aime pas la vivisection, le commerce de fourrures me soulève le coeur et la viande de cheval me fait vomir. Mais vos attaques contre les professionnels de la piste aux étoiles sont, à mon sens, un prétexte pour stigmatiser les gens qui vivent en caravane. Non seulement je ne me reconnais pas dans ce combat, mais les mots utilisés par certains d'entre vous pour désigner les artistes de cirque heurtent profondément ma sensibilité progressiste et anti-raciste.

Je ne suis pas un fanatique. Je sais que tous les cirques ne sont pas égaux dans le traitement de leurs animaux artistes et que certains d'entre eux sont la honte de leur profession. Faire appliquer les lois, toutes les lois relatives au bien être des animaux est une évidence pour la plupart des grands cirques français. Si tel n'a pas été le cas au cirque Pinder, il semble que la situation a été régularisée à postériori.

Mais dire qu'un homme comme Alexis Gruss n'a pas la passion des chevaux, que Frédéric Edelstein n'aime pas ses fauves et que Désiré Rech maltraite ses bonobos relève de l'imposture et du mensonge. Ce combat, dans lequel toutes vos associations ne sont pas engagées, car certaines, comme Animalia par exemple, savent faire la part des choses, décrédibilise tous les autres. il faut se battre contre les mauvais cirques. Mais se battre contre la présence des animaux dans tous les cirques, c'est insulter une profession exercée par d'authentiques passionnés d'animaux, qui vivent avec ceux-ci 365 jours par an, et 24 heures sur 24.

Chers amis de la cause animale, je ne me laisse pas abuser par les vidéos montrant des animaux enchaînés qui circulent sur certains de vos sites. Je sais comme il est facile de prendre ces photos quand les premiers convois arrivent sur la place, et que les tentes et les enclos des ménageries ne sont pas encore montées. Mais je m'inquiète de ces procédés. Ils ne sont pas dignes de vous. Pas plus qu'il n'est acceptable de montrer des images de violences envers des animaux, prises à l'autre bout de la terre, dans des cirques étrangers, dans des pays où aucune législation ne les protège, et de vouloir faire croire au grand public que la situation est la même dans notre pays.

Ces manoeuvres n'ont d'autre but que de transformer ceux que l'on disaient "voleurs de poules" en "bourreaux d'animaux"; Je les désapprouve tant que cet après-midi, je suis allé à Toulouse, soutenir le cirque Pinder. Votre groupuscule ne m'impressionne pas. Vos méthodes sont celles des commandos anti avortement. J'y vois plus qu'une coïncidence, mais j'espère me tromper. En tout cas, vu le monde présent au spectacle, le public lui, ne s'yest pas trompé.

Raphaël

http://www.lemonde.fr/opinions/chroniqu ... _3232.html

Publiée avec l'autorisation de l'auteur et à faire passer à tous les blogs et sites du monde du cirque pour diffuser cette lettre ouverte. Merci à toutes et tous!

[petitmike28]

Merci Jeanmi de nous avoir fais partager cette lettre qui reflete exactement ma pensé et celle de beaucoup de passionnés, un coup de chapeau à Raphael !
Cordialement,
Mike.